Femmes et religions, ça coince!
Dès qu'on sort un peu de sa sacristie, le constat est toujours le même : femmes et religions ne filent pas toujours le parfait amour. Et les raisons sont identiques :
1° main mise masculine sur le corps des femmes (voile, encyclique sur la contraception...)
2° On parle à leur place
Voici deux portraits de femmes musulmanes croyantes, l'une américaine, l'autre marocaine.
Qui est Amina Wadud, cette musulmane américaine qui fait scandale en prêchant aujourd’hui à New York ?
C’est une intellectuelle, professeure dans une université de Virginie, une Afro-américaine convertie à l’islam et qui connaît très bien l’arabe. Elle est spécialiste de la question de la femme dans le Coran et veut relire la religion musulmane de l’intérieur. Amina Wadud porte par exemple le voile, mais elle peut l’enlever, elle n’en fait pas une question de principe. Elle remet en cause l’islam patriarcal, se dit totalement opposée à la lapidation et à la polygamie. Contre l’interprétation littérale, elle justifie cette position en affirmant que le Coran est un texte historique et qu’elle vit l’esprit de l’islam dans l’histoire. Si elle prône l’égalité absolue entre hommes et femmes, sa démarche est très individualiste, elle ne prétend parler qu’en son nom.
Est-elle néanmoins représentative d’une tendance chez les musulmans américains ?
Elle appartient au nouvel islam réformé qui est en train de naître aux Etats-Unis depuis deux ou trois ans et qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Il s’agit d’un courant encore très minoritaire révélé par le 11-Septembre. Les attentats de 2001 ont permis à cette mouvance qui se veut ouverte aux minorités, ethniques et autres, de s’exprimer ouvertement. Elle a conquis l’espace public, en utilisant notamment l’Internet.
Cet islam américain réformiste est-il limité à la côte Est ?
Non, on le trouve partout aux Etats-Unis, mais c’est un courant très éclaté en multiples groupes, qui communiquent et débattent grâce à de nombreux sites web (voir, par exemple Muslim WakeUp !. Ses représentants sont des jeunes de la nouvelle génération, nés aux Etats-Unis, élevés dans la religion mais qui refuse de la pratiquer comme leurs parents. Ils ne veulent plus de cet islam très conservateur, avec ses mosquées installées dans des enclaves ethniques, souvent dans les banlieues des grandes villes. Parmi eux, on trouve des étudiants, de journalistes, des femmes qui ne portent pas le voile mais se définissent comme très pieuses, d’autres qui portent le hidjab. Et aussi des noirs américains, car ce mouvement tente de dépasser le clivage qui reste fort entre « Black Muslims » (40% des 5 à 6 millions de musulmans qui vivent sur le sol américain) et musulmans d’origine indo-pakistanaise ou arabe.
Comment ces nouveaux Musulmans sont-ils perçus par leurs coreligionnaires qui vivent aux Etats-Unis ?
Aucune mosquée à New York n’a voulu accueillir le prêche d’Amida Wadud, qui préfère elle aussi prendre ses distances avec les mosquées conservatrices : la prière se fait dans une galerie d’art de Soho (1). L’année dernière, la journaliste et écrivain d’origine pakistanaise Asra Nomani a été exclue de sa mosquée pour avoir milité pour que les femmes puissent entrer par la porte de devant, réservée aux hommes. C’est dire que ce mouvement est encore marginal, même si certains veulent maintenant ouvrir leur propre mosquée.
Par Judith RUEFF, liberation.fr
pour voir le prêche d'Amina Wadud :
video.google.com/videoplay?docid=308799945159694658
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| Qui est Nadia Yassine ? |
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